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«Certains enfants ne parlent pas, mais répètent ce qu’ils entendent sur YouTube»
Publié il y a 6 jours
25.02.2025
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«L’utilisation excessive des écrans n’est pas la cause de tous les problèmes. Mais c’est certainement un facteur aggravant pour les autres difficultés», estime la pédopsychiatre Olga Sidiropoulou, responsable médicale de la filière des Centres thérapeutiques de jour pour enfants à Lausanne. Ces établissements accueillent des enfants de 2 à 12 ans qui souffrent de troubles pédopsychiatriques et du développement psychomoteur perturbant leur scolarité.
L’Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas exposer les enfants de moins de 2 ans à un écran. Le temps d’écran prolongé a en effet un impact délétère sur la santé mentale des enfants et leur développement cognitif, social et physique. «L’exposition aux écrans peut retarder le développement du langage, induire des problèmes d’attention et des difficultés de concentration», observe Olga Sidiropoulou. On rencontre, par exemple, des enfants de 2 ou 3 ans qui ne parlent pas, mais qui répètent des phrases ou des expressions stéréotypées provenant de vidéos sur YouTube.»
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Une perception erronée des codes sociaux
Il est aussi démontré que l’utilisation excessive d’écrans peut entraîner des troubles du sommeil et de la vue, ainsi que des problèmes de posture et favoriser le surpoids. Par ailleurs, devant un écran, les enfants ne sont pas directement en contact avec d’autres personnes, ce qui peut limiter leurs compétences sociales. «Les codes sociaux s’acquièrent en interagissant; plus un enfant est isolé derrière un écran, moins il est exposé à cet apprentissage naturel.» Aussi, ce qui est montré dans les dessins animés ou de science-fiction peuvent brouiller la perception des relations sociales normales et des codes sociaux. «Cela peut avoir pour impact qu’un enfant ne sait plus comment s’y prendre pour demander à un camarade de jouer avec lui. Il s’agit certes de cas extrêmes, mais ils sont de plus en plus fréquents.»
Le risque de l’addiction
En ce qui concerne les jeux vidéo violents, «très stimulants, très rapides, et prisés par les plus grands», la recherche montre qu’ils peuvent induire des troubles de l’attention et de l’agressivité. «Quant aux réseaux sociaux, ils peuvent engendrer de l’anxiété, une faible estime de soi, de la dépression. Sans compter que le risque de comportements addictifs envers ces contenus et les jeux est bien réel.»
Effets sur le long terme
En revanche, les effets à long terme sur le cerveau, la mémoire, les capacités cognitives, ainsi que sur les troubles émotionnels et psychiques, demeurent encore peu connus, relève la médecin. «On ne sait pas non plus quels sont les effets de l’exposition aux écrans sur la réussite scolaire ou le QI, ni quel rôle jouent les écrans par rapport à d’autres facteurs, comme la génétique et l’environnement familial.»
Les bénéfices éventuels, peu étudiés, qu’ils peuvent apporter aux enfants sont également méconnus. «Par exemple, comment peuvent-ils aider les enfants avec des handicaps sensoriels ou souffrant de certaines maladies, notamment grâce à la communication à distance? Je reste optimiste.»