Interview
Texte: Séverine Géroudet

"Un exercice fastidieux dans le monde réel, devient captivant dans le monde virtuel"

Pour Rolf Frischknecht, l’approche ludique encourage le patient à s’investir dans sa thérapie.

En savoir plus:

Cette interview fait partie de notre article sur le serious gaming

En partenariat avec les hautes écoles de Genève, Lausanne, Yverdon et Neuchâtel, le CHUV développe un projet qui associe la technologie du robot Lambda Health System à l’utilisation de «serious games».

Ce dispositif est destiné avant tout à la réhabilitation de la motricité après une lésion du système nerveux.

IV Vous êtes le porteur du projet Lambda Health System (LHS) depuis les années 2000, quelle est la fonction de ce robot?

RF Le LHS vise à maintenir et restaurer les fonctions motrices des membres inférieurs après une lésion du système nerveux. Son interface personnalisable permet de programmer des exercices thérapeutiques sur mesure. Sa force est de pouvoir reproduire un nombre infini de mouvements identiques, ce qui convient parfaitement pour le réapprentissage moteur.

IV Pourquoi avoir voulu allier la technologie de ce robot avec des «serious game»?

RF Il est important que le patient participe aux thérapies de manière effective, mais les exercices de réapprentissage moteur sont répétitifs et lassants. La motivation et la concentration des patients en souffrent. Les «serious games» permettent de transformer un exercice fastidieux dans le monde réel en une activité captivante et motivante dans un monde virtuel. Grâce à un casque qui les plonge dans une autre réalité, les mouvements du patient (accompagnés par le robot) prennent sens. De plus, l’utilisation de la réalité virtuelle permet de travailler des fonctions cognitives en même temps.

IV Quels sont les prochains buts du projet?

RF Nous voulons développer pour le LHS un exercice de marche couchée, mais qui, grâce à la réalité virtuelle, permettra au patient de se projeter debout. Non pratiquée, la marche peut s’oublier très vite, notamment suite à une lésion cérébrale. Il faut donc pourvoir à son maintien très précocement. Nous cherchons également à créer des «serious games» qui induisent une activation optimale des neurones miroirs afin de renforcer l’apprentissage moteur autant par l’observation que par l’action.

ROLF FRISCHKNECHT EST MÉDECIN AGRÉÉ AU SERVICE DE NEUROPSYCHOLOGIE ET DE NEURORÉHABILITATION DU CHUV.



Partagez: