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Texte: Erik Freudenreich
Photo: Thierry Parel

La science hors des sentiers battus

BIOHACKING

A travers le monde, des passionnés développent une approche alternative de la recherche en biologie. Immersion au sein du laboratoire ouvert Hackuarium, à Renens, près de Lausanne.

Depuis quelques années, de nouveaux acteurs sont apparus en périphérie de la recherche scientifique: les biohackers. Ils mènent leurs expériences dans des labos de garage, en dehors du cadre académique traditionnel, et promeuvent une approche open source de la science. Des espaces dédiés à cette recherche nouvelle ont commencé à éclore autour du globe. A New York, Londres ou Paris, mais aussi à Renens, où a été inauguré il y a maintenant un peu plus d’une année le laboratoire de l’association Hackuarium. Installé dans les anciens locaux de l’imprimerie IRL, l’espace accueille chercheurs, étudiants ou retraités qui viennent pendant leur temps libre pour faire progresser la science de façon ouverte et participative.

1/ Détecter l’arsenic

Sachiko Hirosue (en photo) est une biohackeuse. Avec Robin Scheibler, elle mène un projet baptisé «Bio-design for the real world», qui vise à mettre en place des outils pour répondre aux problèmes sanitaires liés à l’eau. Utilisé comme poison depuis l’Antiquité, la présence dans le sol à forte dose de cet élément chimique métalloïde est le plus souvent lié à une origine industrielle (mines, métallurgie, pesticides). «En Suisse, cela affecte peut-être seulement quelques vaches, mais dans certaines régions d’Asie, on trouve régulièrement d’importantes concentrations d’arsenic dans les eaux souterraines. Même ingéré à faible dose, il perturbe le système endocrinien et peut provoquer des problèmes de peau et des cancers.»

2/ En réseau

Le laboratoire Hackuarium accueille actuellement une demi-douzaine de projets, allant du décodage du génome de la bière à la construction d’un robot destiné à mener des expériences scientifiques au pôle Sud. «Comme nous accueillons régulièrement des étudiants qui viennent contribuer au projet, disposer d’un espace et d’équipements à Hackuarium est très bénéfique pour notre travail, souligne Robin Scheibler. Il y a aussi tous les échanges avec le reste de la communauté, qui se sont révélés très enrichissants.»

3/ Modification génétique

«Concrètement, nous utilisons une bactérie que nous avons modifiée génétiquement pour pouvoir détecter la présence d’arsenic dans l’eau», précise Sachiko Hirosue. Cet organisme a été mis au point par le professeur Jan Roelof van der Meer, directeur du Département de microbiologie fondamentale à l’Université de Lausanne. L’ensemble du dispositif a été employé par l’équipe Biodesign en août dernier pour tester l’eau du lac des Ottans, en Valais, situé à proximité d’une ancienne mine d’or et d’arsenic

4/ Big data

Si l’équipe Biodesign dispose aujourd’hui d’un appareil qui fonctionne, il ne s’agit que de la première étape de leur démarche. «Dans un avenir proche, nous aimerions mettre en place une plateforme informatique pour pouvoir échanger les données collectées, détaille Robin Scheibler. Car l’idée de notre projet est avant tout de partager nos connaissances. Nous comptons mettre en place des événements, des réunions, de manière à faire réfléchir les gens sur les questions liées à l’eau et ce qu’elle contient.»



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