Chronique
Photo: Philippe Gétaz

Isabelle Lehn, directrice des soins du CHUV

Il faut que nous soyons innovants et fédérés autour d’une vision commune de la recherche dans le domaine des soins.

Pour la seule année 2014, le gouvernement français a attribué 4.4 millions d’euros à 28 projets dans le cadre du Programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale. Un montant trois fois plus élevé que celui de 2012, pour un programme lancé il y a quatre ans à peine. Cette progression rapide est à l’image de l’essor prometteur de la recherche dans le domaine des soins.

Les soins infirmiers, la physiothérapie ou encore l’ergothérapie, par exemple, demeurent des disciplines encore très jeunes sur le plan académique de ce côté-ci de l’Atlantique. En Suisse, pour se développer, elles ont pu compter durant dix ans sur les fonds «Do Research (DORE)» qui émanaient du Fonds national suisse (FNS) de la recherche scientifique et s’adressaient aux hautes écoles. Ce soutien, spécifiquement orienté en faveur des disciplines émergentes, devait leur permettre d’acquérir progressivement les compétences nécessaires et de créer des structures de recherche.

"Le défi est conséquent. Il exige que nous soyons performants et innovants, fédérés autour d’une vision commune de la recherche dans le domaine des soins."

Cette première étape de la stratégie du Fonds national est aujourd’hui terminée, alors que le 1er doctorat en sciences infirmières de Suisse romande a été décerné en 2013.

Désormais, pour conduire et financer leurs travauxs cientifiques, les chercheurs et chercheuses issu-e-s de ces disciplines récentes doivent se tourner vers les structures pérennes du Fonds national et solliciter les fondations, associations et soutiens étatiques dédiés à cela comme le font les autres acteurs sur ce marché.

Le défi est conséquent. Il exige que nous soyons performants et innovants, fédérés autour d’une vision commune de la recherche dans le domaine des soins. Avec le Swiss Research Agenda for Nursing (SRAN), les sciences infirmières en prennent le chemin. Néanmoins, il s’agit d’accélérer la mise en œuvre de véritables réseaux de collaborations entre universités, hautes écoles et centres hospitaliers, puis d’augmenter progressivement la quantité et la qualité des projets soumis. Compte tenu de notre jeunesse en la matière, nous y parviendrons d’autant mieux que nous saurons nous associer aux plateformes de recherche déjà existantes et créer des partenariats avec les instances politiques et les chercheurs et chercheuses expérimenté-e-s, notamment nos collègues médecins.

Ainsi se poursuivra le développement des savoirs et des pratiques soignantes, dans le cadre d’une recherche clinique au service des patients et de leurs proches.



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