Health Valley
Texte: Bertrand Tappy

Startups & co

Grâce à ses hôpitaux universitaires, ses centres de recherche et ses nombreuses start-up qui se spécialisent dans le domaine de la santé, la Suisse romande excelle en matière d’innovation médicale. Ce savoir-faire unique lui vaut aujourd’hui le surnom de « Health Valley ».

Startups & Health Valley d'ici //

Cancérologie

Cellestia Biotech, une start-up issue de l’EPFL, a levé 20 millions de francs fin décembre pour la recherche contre le cancer. Créée en 2014 et désormais établie à Bâle, elle a développé une molécule permettant de cibler des cellules cancéreuses possédant un défaut dans leur voie de signalisation cellulaire. Cette voie de signalisation est une protéine qui permet de déterminer le lignage d’une cellule. Lorsque ces dernières sont cancéreuses, elles peuvent être responsables de certaines leucémies, de tumeurs ou encore de lymphomes.

Cardiologie

La start-up neuchâteloise Novostia souhaite accélérer le développement de sa technologie de prothèse valvulaire cardiaque. Elle a développé une valve silencieuse et anticoagulante qui résiste particulièrement bien au temps. Visant à améliorer le confort des personnes souffrant de dysfonctionnements des valves cardiaques, Novostia a remporté une subvention de l’Union européenne à hauteur de 2,5 millions d’euros en janvier.

Analyse des tissus

La start-up Lunaphore a clôturé un tour de financement d’un montant de 23 millions de francs en février. La société, fondée en 2014 et basée à Écublens, conçoit des équipements de nouvelle génération pour la recherche sur le cancer et le diagnostic tissulaire. Elle développe des colorants destinés aux tissus humains permettant de mettre en évidence les protéines dans les cellules. La méthode a déjà fait ses preuves lors de tests avec des échantillons de tissus provenant de patients cancéreux.

«  Nous avons pour objectif de devenir l’Apple de la nutrition.  »

Chris Rinsch, CEO d’Amazentis, une start-up cofondée, entre autres, avec l’ancien président de l’EPFL Patrick Aebischer.
La startup est spécialisée dans le développement de
nouvelles formes de nutrition et va lancer, dès ce printemps aux États-Unis, Timeline, une poudre qui ralentit le vieillissement musculaire.

Un détecteur de dopage amélioré

Une équipe du Laboratoire suisse d’analyse du dopage (LAD) a développé une méthode simple, rapide et moins onéreuse pour les contrôles sanguins destinés aux athlètes. Cette dernière ne nécessite qu’une goutte de sang, prélevée sur le doigt ou le bras, au lieu des 4 ml habituellement prélevés. Cet échantillon peut être recueilli sur un papier buvard et n’a pas besoin d’être réfrigéré. Il est ensuite envoyé par la poste au laboratoire, où l’analyse ne prend que quelques heures. La méthode, qui doit encore être homologuée par l’Agence mondiale antidopage, pourrait être utilisée dans les compétitions d’ici
à une année et demie.

Registres des cancers

Depuis le 1er janvier dernier, la Loi fédérale sur l’enregistrement des maladies oncologiques (LEMO), du 18 mars 2016, est entrée en vigueur. Elle oblige les médecins, laboratoires, hôpitaux et institutions de santé suisses de tous les cantons à déclarer les données relatives aux cancers diagnostiqués dans les registres cantonaux des tumeurs ou dans le Registre du cancer de l’enfant. Ces données, traitées de façon confidentielle, permettent la création de nouveaux registres censés aider les chercheurs à mieux comprendre l’origine des cancers. Elles devraient également faciliter l’élaboration de mesures de prévention et de dépistage précoce.

S'autodiagnostiquer: l'application

Connaître sa pression artérielle, sa température corporelle et d’autres signes vitaux en quelques secondes et avec une précision médicale certifiée, c’est ce que propose la solution pour smartphone e-Checkup de Leman Micro Devices, basée à l’Innovation Park de l’EPFL. En fixant un minuscule capteur de 15 millimètres à l’arrière de son smartphone et grâce à une application, elle permet de vérifier différentes données médicales à tout moment et de façon instantanée. L’objet que l’on transporte toujours sur soi se transforme ainsi en accompagnateur médical.

Incubateur primé

DISTINCTION
L’incubateur Startlab, basé au sein du parc scientifique Biopôle à Lausanne, a été désigné parmi les 20 meilleurs incubateurs de biotechnologies en Europe en octobre dernier. C’est le seul représentant suisse du classement, en majorité belge, allemand et britannique. La communauté héberge 50 entreprises, 25 groupes de recherche et 1200 start-up innovantes et actives dans le domaine des sciences de la vie, leur faisant ainsi bénéficier des ressources nécessaires pour réussir – qu’il s’agisse d’un espace de laboratoire, d’un mentorat ou d’un accès à un réseau d’experts.

Traquer les tumeurs

Terapet propose une technologie qui permet de suivre en direct les rayons utilisés pour détruire des cellules cancéreuses.

En cas de cancer, les médecins ont souvent recours aux rayons X et à la radiothérapie pour détruire les tumeurs. Pour traiter les cas dans des zones difficiles d’accès particulièrement sensibles, comme le cerveau ou les yeux, les spécialistes utilisent de plus en plus des faisceaux
de protons. Ceux-ci permettent un ciblage plus précis que les rayons X. Pour éviter que les protons n’endommagent du tissu sain, la start-up genevoise Terapet, fondée en juillet 2019, a développé un scanner qui permet aux médecins de suivre en temps réel et en 3D les rayons dans le corps du patient. Car aujourd’hui, les médecins se basent sur des modèles du corps du patient réalisés à base de radiographies, comme l’explique Christina Vallgren, CEO et cofondatrice. « Ainsi, ils ne savent pas exactement où vont les rayons. Avec notre scanner, il est possible de toujours administrer la bonne dose de protons à l’endroit voulu », dit-elle.

Pour lancer Terapet, cette ex-chercheuse du CERN s’est associée à Marcus Palm, un spécialiste en technologie de laser et également ancien membre du CERN, ainsi qu’à Raymond Miralbell, chef du Service de radio-oncologie des Hôpitaux universitaires de Genève.
La jeune entreprise vise un marché qui vaudra environ 3 milliards de francs en 2030, selon ses estimations : « D’ici là, plus de 300 000 patients seront traités avec de la protonthérapie tous les ans, ajoute-t-elle. À cette même date, plus de 600 établissements médicaux vont proposer ce type de service dans le monde, contre un peu plus de 100 aujourd’hui. » Depuis sa création, Terapet a reçu de nombreux prix et a été placée dans le Top 10 de la Swiss Innovation Challenge de 2019. Soutenue par le CERN et Innosuisse, la start-up veut lever 1 million de francs d’ici à l’été pour le développement d’un prototype qui sera ensuite testé dans différents laboratoires. La commercialisation du produit est prévue pour 2024. /

Startups & Health Valley d'ailleurs // Boston

Un implant auditif souple

Plus de 450 millions de personnes dans le monde présentent une déficience auditive handicapante. Les prothèses auditives actuellement sur le marché ne répondent qu’à moins de 10% des besoins.

Une équipe américaine, en collaboration avec des chercheurs de l’EPFL, veut donc les améliorer en y intégrant des matériaux souples. La plaque d’électrode est encapsulée dans une membrane de silicone, puis munie d’une petite tige rigide afin de l’implanter au plus profond de l’oreille interne.

8.8 Milliards

En dollars, le total des investissements de capital-risque injectés dans les start-up de Boston et de sa région métropolitaine en 2019, dont une large majorité de start-up actives dans les technologies médicales. Selon le cabinet d’audit PwC, il s’agit du second plus haut montant atteint dans l’État du Massachusetts (10 milliards en 2018). Boston figure ainsi à la troisième place des régions attirant le plus les investissements derrière la Silicon Valley (47 milliards) et New York (17 milliards). Les trois régions combinées enregistrent près des trois quarts du montant total des investissements au niveau national.

Le couteux impact de la junk food

SANTÉ PUBLIQUE
Les conséquences liées à une mauvaise alimentation coûteraient annuellement 50 milliards de dollars, soit près de 20% des frais de santé au niveau national.
La charge économique annuelle liée aux maladies cardiovasculaires et qui touchent le métabolisme s’élève à environ 300 dollars par personne, selon une étude menée en décembre dernier par des chercheurs du Brigham and Women’s Hospital (BWH) dans la périphérie de Boston. La faible consommation de noix, de graines, de fruits de mer et l’abondance de consommation de viande transformée sont les principaux facteurs de cette charge.

Du cannabis destiné aux vétérans

PRESCRIPTION
Pour atténuer les troubles de stress post-traumatique (TSPT) liés à la guerre, les anciens combattants ont souvent recours à des médicaments opiacés. Les vétérans se montrent ainsi particulièrement vulnérables à des surdoses d’opioïdes mortelles, selon une étude du Ministère de la santé publique. L’État du Massachusetts envisage d’intégrer prochainement le cannabis comme un traitement alternatif aux TSPT.

Ce faisant, les vétérans pourraient alors se voir prescrire de la marijuana par les médecins
à un prix abordable. Un projet de loi jugé satisfaisant puisque près de 83% des anciens soldats interrogés par l’association américaine des vétérans d’Irak et d’Afghanistan (IAVA) pensent que le cannabis devrait être légalisé à des fins médicales.



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6.1 Milliards

En francs, le montant dépensé par la population suisse en médicaments en 2019. Ce volume est en hausse de 2,8% en comparaison avec 2018.