Autour du globe
Texte: Lorène Mesot
Photo: AVA

L'essor fulgurant des femtech

La Silicon Valley se lance dans les tampons organiques ou bracelets de fertilité. L'argent coule à flot sur ces technologies dédiées à la santé des femmes.

Concevoir un enfant avec l’appui d’un bracelet et d’une application est désormais une réalité pour des centaines de femmes. La start-up suisse Ava, basée à Zurich et à San Francisco, a lancé sur le marché en 2017 un bracelet de fertilité connecté. L'appareil mesure et traite des données chaque nuit: température, pouls, ou rythme respiratoire, afin de renseigner les femmes sur leur période d'ovulation. Selon Ava, son instrument faciliterait une quinzaine de grossesses par jour dans le monde.

Ce bracelet s’inscrit dans le courant émergent de la femtech, le secteur de la technologie dédié au bien-être et à la santé des femmes. Dans la baie de San Francisco, les start-up de ce secteur connaissent un succès croissant. Entre 2014 et 2017, elles ont levé plus de 1 milliard de dollars. Le fonds d’investissement Portfolia vient même d’ouvrir un FemTech Fund. Cette plateforme finance des start-up développant des produits exclusivement féminins. Parmi elles: Sustain Natural, qui produit des tampons en coton organique, ou encore Peanut, une application qui met en contact des jeunes mamans aux profils similaires.

Les entrepreneurs de la femtech s'engagent aussi dans la prévention du cancer du sein.

Le soutien-gorge Eva, créé par le Mexicain Julián Ríos Cantú, dispose de 200 capteurs qui analysent la peau, la température et la texture du sein, permettant ainsi de détecter la présence de masses suspectes.

Il est recommandé de le porter au minimum soixante heures par semaine.

Mieux comprendre son corps

La femtech est encore considérée comme un marché de «niche» dans le secteur de la technologie, même si elle concerne une personne sur deux. Le Dr Pierre-Antoine Pradervand, chef de clinique en médecine de la fertilité au CHUV, témoigne de l'attrait de ces technologies chez ses patientes: «En ce qui concerne la fertilité, beaucoup de nos patientes utilisent une application pour connaître leur période d’ovulation. Les femmes veulent davantage comprendre leur corps et leur système reproducteur.» Le spécialiste reconnaît d'ailleurs qu'il emploie les mêmes données que ces applications, à commencer par le cycle des menstruations, pour réaliser des schémas explicatifs à destination de ses patientes.

Contraception, grossesse, sexualité, ménopause, santé du pelvis: d'autres domaines encore qui concernent les besoins des femmes suscitent désormais l'innovation. Un fort incitatif pour se lancer sur ce marché en croissance tient aux pronostics des analystes, qui l'évaluent à 50 milliards de dollars d'ici à 2025.



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