Témoignage
Texte: Céline Bilardo
Photo: Johann Pelichet

Tous les ados ne doivent pas être pris en charge de la même manière

Leila, 18 ans, Lausanne

L’adolescence pour Leila? «Une période de transition entre l’enfance et l’âge adulte, lors de laquelle il est nécessaire de gagner progressivement en liberté et en autonomie.» Cette liberté, la jeune fille s’en est sentie privée. «Depuis toute petite, je suis une personne indépendante, je me suis débrouillée seule très jeune... lorsque j’avais 14 ans environ, ma mère a essayé de se rapprocher de moi, de communiquer davantage, mais cela n’a pas fonctionné. J’étais toujours sur la défensive, dès lors notre relation a commencé à se dégrader et à devenir conflictuelle. Parfois, c’était explosif! A 15 ans, je suis partie vivre chez une amie, puis chez mon copain.»

Suite à un nouveau gros conflit, les parents décident de faire appel à un pédopsychiatre pour aider la jeune femme à communiquer, tout en gérant ses émotions. Sans succès. Elle séjourne ensuite quelques semaines au sein de l’Unité d’hospitalisation psychiatrique pour adolescents (UHPA) du CHUV.

«Je me suis retrouvée avec des jeunes de tout âge, tout type de problème confondu. Nous devions faire les mêmes activités, mais les intérêts, ou les goûts en matière de films par exemple, ne sont pas les mêmes à 12 ou à 16 ans. Certains ados sou raient de troubles alimentaires, nous n’avions donc pas le droit d’avoir de la nourriture dans nos chambres. D’autres avaient des tendances suicidaires, alors certains produits, comme le dissolvant pour vernis à ongles, n’étaient pas tolérés. Dans mon cas, je trouvais toutes ces interdictions inutiles, voire frustrantes. Cette privation de liberté a été très dure pour moi. Tous les ados qui rencontrent des difficultés ne doivent pas être pris en charge de la même manière.»

Leila explique qu’elle avait avant tout besoin d’écoute. «Je pense qu’il faut laisser les ados s’exprimer, et les conseiller, sans leur dire ce qu’ils doivent faire, ni ce qui est «bien» ou «mal». Un ado a besoin de se sentir libre dans ses choix, tout en se sentant soutenu par un adulte.»

A 18 ans aujourd’hui, la jeune femme a choisi d’arrêter sa scolarité temporairement pour se consacrer à sa passion, la danse, tout en travaillant pour pouvoir s’autofinancer. «Je me sens une «jeune adulte». Je suis contente de pouvoir faire mes propres choix, mais je ressens encore le besoin d’avoir des conseils, de pouvoir m’exprimer, sans être jugée. Pour l’instant, je n’ai pas trouvé la personne avec laquelle je me sens à l’aise de discuter.»



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