Editorial
Texte: Arnaud Demaison Responsable éditorial
Photo: Gilles Weber

ChatGPT n’a pas écrit ce message

L’intelligence artificielle (IA) s’immisce toujours plus dans des activités considérées jusqu’à présent comme exclusivement humaines. En début d’année, ChatGPT faisait la une des médias, à la fois loué et craint pour ses prouesses rédactionnelles. Le générateur d’images artificielles DeepFaceLab défraye régulièrement la chronique pour ses montages photographiques hyperréalistes, les « deep fake ». Le mois dernier, Google présentait Med-PaLM 2, un outil d’IA médicale de conseils et d’informations pour les patientes, capable d’interpréter et de répondre à des questions médicales complexes. Plus la liste s’allonge, plus l’humain se demande quelle plus-value il peut encore apporter au milieu de ce foisonnement technologique.

En médecine, l’IA est déjà partie prenante de la recherche et contribue à réaliser des exploits, comme celui de remettre sur pieds des paraplégiques ou de freiner la progression d’une sclérose en plaques. En intervenant dorénavant au niveau du diagnostic, la machine fait même un pas supplémentaire sur le terrain dude la spécialiste. Peut-être est-elle déjà capable de différencier l’infarctus du myocarde du syndrome du cœur brisé ? Mais face à un enfant qui montre des signes anormaux d’hyperactivité, de stress ou d’anxiété, saurait-elle se substituer aux yeux et aux oreilles de l’experte ?

Un logiciel ne peut fonctionner qu’avec les informations qu’on lui donne. Les médecins, pour leur part, travaillent aussi avec toute la complexité, les non-dits et l’imprévisibilité des interactions humaines. Les agressions sexuelles sur mineures sont particulièrement difficiles à détecter à cause de l’omerta qui les entoure, alors qu’elles entraînent des conséquences à long terme potentiellement mortelles. Un silence des proches et des victimes elles-mêmes, soucieuses de préserver le lien – familial, par exemple, en cas d’inceste – au détriment de leur santé. Aussi puissante soit la nouvelle intelligence artificielle de Google, elle ne peut répondre qu’aux questions qu’on lui pose. Pour le reste, il y a votre médecin. /



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