Editorial
Texte: Béatrice Schaad
Photo: Patrick Dutoit

La femme, un homme comme les autres

Le nombre de femmes qui choisissent d’étudier la médecine n’en finit pas d’augmenter.

Et pourtant, à mesure que le niveau hiérarchique s’élève, à partir des médecins cadres, leur nombre diminue et devient rarissime au niveau des chefs de service ou des Professeurs ordinaires. De fait, concilier maternité et prise de responsabilité en clinique ou en recherche reste un casse-tête qui peut paraître insoluble.

Depuis l’époque des suffragettes se pose la question de savoir s’il faut laisser faire la nature si l’on ose dire, en tablant sur le fait que les plus batailleuses accéderont à des postes à responsabilité ou s’il s’agit d’aider par diverses mesures volontaristes le rééquilibrage de la représentation dans ces postes.

Dans le domaine de la médecine et de la recherche, il n’est plus tabou de reconnaître que les femmes ont besoin d’être soutenues dans leur souhait de combiner vie privée et carrière professionnelle. Même ceux qui étaient opposés au système des contingents, il y a à peine cinq ans, le réclament désormais (lire p. 29). Signe que les mentalités évoluent, les institutions sanitaires développent des mesures pour encourager les femmes.

Au CHUV, dans le nouveau règlement de la promotion hospitalière, il est désormais écrit noir sur blanc que la maternité ne doit en aucun cas représenter un obstacle dans une carrière. Ce principe de base s’accompagne d’idées originales comme l’encouragement du job-sharing à des postes à haute responsabilité, ou la possibilité de capitaliser ses heures supplémentaires pour prolonger un congé maternité. Enfin, un pool de professionnelles sera bientôt mis sur pied où les femmes pourront être employées durant leur grossesse si leur métier habituel est trop pénible. Dans le monde académique, les idées pullulent également pour revisiter les critères de promotions et les adapter à la réalité des femmes.

Les chiffres sont éloquents: en 2016, près de 600 femmes ont étépromues au CHUV. Près de 60% du total des promotions les ont concernées. Dans les institutions académiques, on voit aussi la balance pencher lentement de l’autre côté: entre 2011 et 2015, les engagements professoraux de femmes sont passés de 15,4% à 25%. Sans ces initiatives, c’est toute la société qui perd l’investissement fait pour les former. Des femmes qui arrêtent des carrières prometteuses faute d’appui alors même que s’annonce une sévère pénurie de professionnels de la santé.

Enfin, la vraie égalité sera atteinte le jour où les hommes bénéficieront de mesures qui leur permettront de vivre pleinement leur paternité, sans qu’ils aient eux aussi à se battre pour l’obtenir. Ce jour-là, pour paraphraser Simone de Beauvoir, l’homme sera enfin devenu une femme comme les autres. ⁄



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