Dossier
Texte: Camille Andres, Erik Freudenreich et William Türler

Un gène du poids

Luc Pellerin s’intéresse depuis longtemps au métabolisme énergétique du cerveau. Dans le cadre de ses travaux, ce professeur associé au département de physiologie de l’UNIL s’est concentré sur des transporteurs de nutriments situés dans le cerveau, ainsi que dans divers tissus et organes comme le foie ou le cœur. C’est ainsi qu’il découvre, en l’invalidant chez la souris, que le gène MCT1 joue un rôle important dans la régulation du poids corporel. Soumis à un régime riche en graisse et en sucres, les rongeurs «modifiés» ont subi une obésité limitée et n’ont pas connu d’hypoglycémie ou d’augmentation du tissu adipeux.


Qu’en est-il d’une éventuelle invalidation de ce gène chez l’homme? «Il y a deux difficultés majeures, note Luc Pellerin. D’abord, c’est techniquement difficile. Ce gène se trouve dans différents tissus et organes, il faudrait donc les cibler les uns après les autres. Ensuite, il a des fonctions utiles. En tant que transporteur, il contribue à l’échange de substrats énergétiques. Certains tissus s’alimentent grâce à lui.»

Bien sûr, le message n’est pas de dire que l’on peut manger n’importe quoi

L’une des pistes pourrait consister à se focaliser sur une approche pharmaceutique, en recherchant un médicament ayant des effets inhibiteurs partiels sur ce gène. En résumé, il faudrait en réduire l’activité tout en la conservant en partie. «Bien sûr, le message n’est pas de dire que l’on peut manger n’importe quoi, note le scientifique. Ce qui est intéressant, c’est que nous avons pu ainsi démontrer que le développement de l’obésité n’est pas lié à une accumulation de mutations génétiques, mais à un changement de l’environnement, aujourd’hui saturé de nourriture très riche.»


En effet, MCT1 est un gène «normal». Il est là pour favoriser l’accumulation de graisses, cela depuis l’époque où les humains ne disposent pas de nourriture en abondance et devaient davantage se bouger plus pour s’en procurer… Conclusion: plutôt que d’attendre un médicament providentiel, il est préférable de faire attention à ce que l’on ingurgite et de pratiquer une activité physique.



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