Tandem
Texte: Bertrand Tappy
Photo: Eric Déroze

Jocelyne Bloch et Jean-François Brunet

Portrait d'un duo qui fait avancer la recherche. Jocelyne Bloch, neurochirurgienne, Jean-François Brunet, biologiste.

En savoir plus:

www.neurocellia.ch (Site de l’association pour la thérapie cellulaire en neuroscience)

Ils sont sur les starting-blocks. Jocelyne Bloch, médecin adjoint au Service de neurochirurgie du CHUV, et Jean-François Brunet, biologiste au sein du même établissement, n’attendent plus que le feu vert des organismes fédéraux pour entamer les tests cliniques, dernière étape de leur recherche.

Ce ne sera pas encore tout à fait la fin du parcours, mais il s’agira déjà d’une concrétisation qu’ils attendent impatiemment, tant l’enjeu est important: le duo souhaite en effet pouvoir rendre sa fonctionnalité optimale à un cerveau atteint d’un accident vasculaire cérébral AVC, et cela grâce à une greffe de ses propres cellules neurales. «Pour en arriver où nous sommes maintenant, il a fallu d’abord découvrir quelles cellules étaient concernées parmi le véritable biotope qui existe dans le cerveau humain, explique Jean-François Brunet. Nous avons ainsi testé plus d’une centaine de combinaisons avant de trouver la bonne. Une fois la recette trouvée, il s’agissait de réunir les conditions nécessaires pour faire se multiplier ce «cocktail» en six semaines de culture, puis réinjecter le tout dans le cerveau sans dommage.»

Mais on ne réunit pas deux spécialistes pointus d’un claquement de doigts, même si l’objectif est fantastique: il a fallu que le biologiste et la clinicienne définissent un langage, un terrain et surtout une vision commune pour trouver des solutions. Ce qui ne fut pas une mince affaire. «En clinique, je suis habituée à systématiquement chercher une solution aux problèmes que rencontrent mes patients, note Jocelyne Bloch. Un scientifique qui fait de la recherchefondamentale ne peut pas raisonner comme cela: lui doit d’abord réfléchir au problème, relever ses observations puis interpréter les résultats qu’il a obtenus. Le fait de pouvoir appliquer les fruits de la recherche ne vient que dans un second temps.»

Au fil des années et des publications, nos deux chercheurs ont donc noué une relation étroite, faisant une force de leurs différences: «Si nous avions travaillé chacun de notre côté, c’était perdu d’avance, assure Jean-François Brunet. Des projets comme le nôtre marquent vraiment une nouvelle direction de la recherche, avec ce décloisonnement entre différentes professions qui doivent apprendre à s’écouter. De plus, nous voulions montrer que l’approche thérapeutique – par opposition à l’approche fondamentale – présentait
aussi des avantages.»

«Nous pourrons commencer dès que l’autorisation sera arrivée, se réjouit Jocelyne Bloch. Nous avons les fonds nécessaires grâce à l’association que nous avons créée (tous les frais – interventions, hospitalisations – sont à la charge du projet).» En attendant, la neurochirurgienne continue à opérer et à mener différents projets de recherche, tandis que le biologiste mène un autre chantier: la création d’un centre de production cellulaire. Parce que la recherche, ce n’est pas seulement un travail d’équipe. C’est aussi une course de fond.

"Si nous avions travaillé chacun de notre côté, c’était perdu d’avance", assure Jean-François Brunet.



Partagez: